J’avoue, j’ai comme certains, une idée négative du tatouage. Alors Florence, pourquoi fais-tu ce portrait ? Parce que je suis allée au-delà de mes préjugés. Parce que j’ai été attirée par l’artiste et ses créations. Je voulais découvrir qui était cette tatoueuse, et connaître les raisons de l’installation de son salon à Oradour-sur-Glane. Il y a un mois dans le Salon de Fahé, j’ai découvert un univers passionnant et une passionnée ! Les encres de Fahé : laisser parler les lignes

 

Le tatouage : une histoire de cultures ?

Le tatouage a toujours eu une image de « mauvais garçon », attribué aux gangs, criminels, punk, au rock, Rap. Mais il été également utilisé pour marquer et identifier en 1942, dans le camp de concentration d’Auschwitz. Certes c’est le passé, mais beaucoup l’ont gardé à l’esprit.

Aujourd’hui, le tatouage s’est démocratisé, c’est un Art. Esthétique et symbolique, il représente un acte fort. Parfois une libération, comme l’explique Fahé : « Le tatouage est parfois thérapeutique : il faut passer par la douleur pour guérir de quelque chose. ». Effectivement les personnes tatouées autour de moi, ont fait graver un souvenir, une douleur, pour reprendre le contrôle sur leur corps. Se rappeler que la vie continue. Mais ce sont également des moments de bonheur qui s’inscrivent sur la peau : une naissance, l’amour : e.ancrer notre vie.

Le tatouage est de plus en plus répandu : certains le cachent par rapport à leur activité, ou parce qu’il est si intime, qu’il ne « regarde » personne ! Nous connaissons tous le « tatau » polynésien : un rite où toutes les étapes de la vie étaient encrées avec des dents de requin et des os taillé. Il permettait également de se différencier socialement : appartenance à un clan.

Comme « l’irezumi » chez les japonais. Le corps est recouvert de dragons notamment. Il a été interdit pendant pratiquement un siècle et c’est en 1948 pendant l’occupation américaine qu’il a été autorisé.

En Europe, c’est l’église en 787, qui l’a jugé comme symbole païen (Ancien Testament / Lévitique 19 :28) : pas d’incision dans la chair, pas de figures sur soi. Il sera de retour au XVIIIème siècle : les marins revenaient tatoués de Tahiti !

On a toujours considéré que le tatouage avait été fait en Égypte. Une momie datant du 2200 av. JC, était recouverte sur tout le corps de tatouages (motifs décoratifs attribué à une pratique sacrée, religieuse). Or le premier homme tatoué se nommerait Ötzi et il aurait aujourd’hui plus de 5300 ans ! Il a été découvert en 1991, dans le glacier de Similaun (Alpes Italiennes). Des petits signes « stylisés et schématiques » ont été relévés sur son corps.

Le tatouage est un savoir-faire culturel. Mais plus encore il est bien « encré » et touche à quelque chose d’intime.

Aujourd’hui plus d’une personne sur dix serait tatouée en France.

 

Les encres de Fahé : un espace convivial et design

Les encres de Fahé : laisser parler les lignes

 

Allons à la rencontre de Fabienne_Fahé. Fafahé est son nom d’artiste. Quand il a fallu trouver un nom pour le salon, elle a choisi Fahé (les deux premières lettres de son prénom et de son nom), un passage dans sa vie. Une nouvelle étape : une prise de conscience d’une femme épanouie. Car c’est bien une femme épanouie, passionnée et si chaleureuse que j’ai eu la chance de rencontrer !

 

Les encres de Fahé : laisser parler les lignes

Le salon : Les encres de Fahé a ouvert le lundi 15 février 2021 à Oradour-Sur-Glane. Fahé a vécu 10 ans à Oradour-sur-Glane, et a dû pour des motifs familiaux partir pendant également 10 ans à côté de Limoges. Elle est enfin revenue ! « J’étais bien ici, et la grande ville ce n’est pas pour moi ! »

Lorsque Fahé vous accueille, elle vous offre de suite un café ! Un grand sourire et vous découvrez l’espace coloré. L’espace d’accueil est un salon : canapé magnifique, offert par Robin, le fils des propriétaires (Monsieur et Madame Redon).

 

 

Les encres de Fahé : laisser parler les lignesVous avez l’impression de vous retrouver dans un salon, un espace design. Comme Fahé, cet endroit est chaleureux. Elle souhaitait que les gens se sentent comme chez eux, chez elle ! « C’est Robin qui m’a offert le canapé, et la déco est parti du canapé ! ».

 

 

Je dois vous parler des milles vies de Fahé pour expliquer la déco ! Fahé est Artiste-Auteur-Dessinatrice-coloriste. Mais elle a été aussi designer et architecte d’intérieur. Avec un goût certain quant au choix des couleurs, du mobilier et de l’agencement.

Petite anecdote amusante, lors de l’ouverture du Salon une dame est entrée par curiosité : « Une dame de 80 ans environ est rentrée, et m’a dit :

  • C’est quoi ici ?
  • Un salon de Tatouage
  • Ouf ! Ah ben je croyais que c’est une brocante
  • Je suppose que vous n’allez pas être ma cliente ?
  • Non, mais je vous souhaite tout plein de chance ! »

Lorsque Fahé raconte cette anecdote, elle en rit encore. « C’était adorable » dit-elle ! « Brocante », prenons-le plutôt comme boutique déco !

Vous l’avez donc compris, dès votre arrivée, vous êtes charmé ! Le salon se compose de trois espaces : le salon d’accueil, la salle de tatouage et l’atelier. Dans le salon sont exposés deux dessins de Fahé. Cette pièce fait aussi office de galerie. Sur la table du salon : des livres et son book pour choisir votre tatouage ou du moins ce que vous voudriez faire tatouer. Attention une fois qu’un dessin de son book a été choisi, il disparait…

« Quand les tatouages sont faits, le dessin est offert au client. Ils sont uniques »

 

C’est dans le salon que vous échangez avec Fahé :

Les encres de Fahé : laisser parler les lignes« Je prends rendez-vous pour parler du projet, je dessine, je propose… Les gens ont toujours une idée de base, et je pose des questions, sans être indiscrète. Pour leur proposer une dessin au plus juste de ce qu’ils espèrent… Ils doivent me dire ce qu’ils aiment ou pas. C’est très important, car ils vont le porter toute leur vie et ça doit correspondre à ce qu’ils désirent. Ensuite il y a 3 solutions : soit on refuse et on recommence – soit on modifie – soit on accepte. On fixe le rdv. Je leur donne le questionnaire de santé à remplir et le papier de consentement mutuel. Il atteste de ce qu’est le tatouage : une effraction cutanée et des risques que cela peut entrainer. Mais aussi que je respecte toutes les consignes sanitaires. Nous faisons la séance. Après cela je leur prescris les soins à faire. Il faut ensuite attendre un mois pour la cicatrisation. »

 

Les encres de Fahé : laisser parler les lignesEntrons dans la salle de tatouage : tout est impeccable, la salon est stérilisé, désinfection du salon 2 fois par jour, sol et surfaces. Ambiance douce et rassurante. Fahé y fait les tatouages ou la modification de tatouages : amélioration modification. « Il faut être averti que le recouvrement est une grand tatouage sur un petit : 3 fois plus grand… Le tatouage est une infraction cutanée, et on met de l’encre dans le derme. La difficulté est de mettre l’encre au bon endroit. Et la peau est plus ou moins épaisse selon l’endroit du corps. » Elle s’intéresse également au tatouage sur cicatrice, qu’elle souhaite développer. Une bonne idée que de transformer un mauvais souvenir en œuvre d’art !


Passons dans la dernière pièce
, derrière une baie vitrée : son atelier.Les encres de Fahé : laisser parler les lignes

 

 

 

 

Les créations de Fahé

Les encres de Fahé : laisser parler les lignesFahé a toujours dessiné, plus jeune elle a gagné plusieurs concours. Elle dessine sur tous les supports et emploie toutes les techniques. Son univers est le fantastique, le Médiéval, la nature : « Le Fantastique, le Médiéval c’est l’univers que j’affectionne particulièrement. »

Je vous emmène dans son univers et ses inspirations. « L’art avant tout. Le beau, l’esthétique : ça mène ma vie. J’ai l’impression de ne pas avoir assez de temps pour faire tout ce que j’ai envie de faire artistiquement. »

« Je dessine, je peins, moins maintenant… j’adore le bois, les arbres… »

 

Laisser parler les lignes : « Je prends une feuille, je ne sais pas ce que je vais dessiner. Je gribouille, je fais 2,3,4,5,6 traits : un gribouillage ! Et à partir de là, je laisse parler les lignes ». Et de si belle lignes à découvrir ! Fahé a commencé par faire des livres de coloriage :

Les encres de Fahé : laisser parler les lignesLes encres de Fahé : laisser parler les lignes

Les encres de Fahé : laisser parler les lignesLes encres de Fahé : laisser parler les lignes

 

 

 

Beaucoup de personnes lui ont dit que ces dessins seraient si beaux en tatouage… et l’idée a fait son chemin. L’idée de concevoir une œuvre de vie : « Le tatouage, la symbolique et le côté beau, qui est permanent sur la peau. Avoir mon art qui va véhiculer et rester à vie dans le cœur de la personne et sur sa peau c’est génial ! ».

« À vie dans le cœur d’une personne » : nous touchons ici l’origine de sa passion : faire plaisir, toucher au cœur, ressentir les émotions et les traduire au mieux.

Coup de cœur 1 : Les encres de Fahé : laisser parler les lignesElle adore représenter des « hommes vieux » et celui-ci m’a particulièrement touché. Le temps a marqué son visage, il s’en dégage une telle humanité. Portrait crayon blanc sur papier noir.

 

Les encres de Fahé : laisser parler les lignesEnfin arrive la Battante, la combattante qui lui ressemble tellement. Une amazone, où le voilage de la robe nous transporte. Cette guerrière avance, il y a à la fois un côté léger avec les jeux d’ombre et beaucoup de dynamique.

Ce dessin qu’elle réalise en mars 2020, va s’ancrer sur son tibia. Il deviendra le symbole des encres de Fahé et prône à l’entrée du salon. Elle se l’est encrée seule : « J’aime cette femme, son mouvement, son côté léger et combattant, c’est mon tatouage préféré. »

Les encres de Fahé : laisser parler les lignes

Les encres de Fahé : laisser parler les lignes« Naufrage » est fait au stylo à bille.

 

Les encres de Fahé : laisser parler les lignesTLes encres de Fahé : laisser parler les lignesoujours au stylo Bic cristal rouge et noir dans un style japonais

 

 

 

 

 

Les encres de Fahé : laisser parler les lignesLes encres de Fahé : laisser parler les lignes

Les gens lui demandent souvent de dessiner la nature… un arbre

Les encres de Fahé : laisser parler les lignes… comme Sandy

 

Les encres de Fahé : laisser parler les lignesLes encres de Fahé : laisser parler les lignes Les animaux : l’éléphant revient ici  et sur Ludo (tatouage non terminé)

 

 

 

 

 

Les encres de Fahé : laisser parler les lignesCoup de cœur 2 : « La nature est plus forte » réalisé lors du premier confinement et exposé dans le salon. Il a nécessité plus de 30 heures de dessin : stylo vert, stylo noir, feutre noir, crayon HB et 4B, crayons aquarellables marrons. (Visuel)

Les encres de Fahé : laisser parler les lignesUn autre de mes coups de cœur : « Regard de chat », réalisé pendant le second confinement : Stylos Bic Crystal fine noir, bleu, vert.

Les encres de Fahé : laisser parler les lignesEnfin parce que nous avons besoin de liberté, je finirai la série par celui-ci  « Liberté, Paix, Nature en danger ? »

Vous comprenez maintenant pourquoi je tenais tant à la rencontrer !

 

Tatouage et symbolique

Je voulais m’attarder encore un peu sur la symbolique des tatouages. Car selon moi, le tatouage est certes esthétique, surtout lorsqu’il est aussi bien fait, mais il est également un art thérapeutique. Un rite de passage, la douleur étant l’expression de la souffrance. Fahé me dit que certains clients s’endorment pendant le tatouage (Elle aussi d’ailleurs !). D’autres la ressente vraiment. Certains reviennent pour la ressentir à nouveau. Mais cette douleur s’efface, elle s’oublie dès le tatouage terminé.

Je me suis intéressée à la symbolique, je ne vous livrerai ici que quelques éléments, à vous de continuer le voyage.

  • Je commence donc par l’arbre : Les racines, la famille, l’arbre représente la force. Il est fort et résiste et se construit avec le temps. Il symbolise la connaissance et la protection.
  • Le papillon évoque la capacité à se renouveler.
  • L’ouroboros est un serpent qui se mord la queue, il symbolise le cycle éternel de la vie et de la mort.
  • Enfin, le point-virgule : comme dans l’écriture : le point termine la phrase, la virgule laisse un répit et continue. Dans le tatouage, il en est de même : ne pas s’arrêter, aller de l’avant. Il pousse les gens à ne pas mettre un point à leur vie, mais à aimer la vie et continuer cette belle aventure.

Généralement il est tatoué sur le poignet, vous l’avez compris, tournez votre main, inscrivez un ; … Cette partie du corps n’est pas là pour être tailladé.

Désolée, je voulais finir ce portrait sur une note forte. Car j’ai beaucoup appris de cette rencontre. Je suis allée puiser les informations sur les sites, j’ai écouté des ami.es.

 

Je reviendrai prendre un thé chez Fahé. Non pas de tatouage pour moi 😉 mais un regard différent. Je vous laisse Fahé conclure : « Je voudrai perdurer dans le temps, faire cela jusque j’arrête de travailler ».

Cette phrase qu’elle répète sans cesse à ces deux filles Marie-Lou et Mona : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse… »

 

Merci Fahé !

 

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Florence de Rochefort/Florence Comdigitale _www.comemedias.com
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